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mievpolou.over-blog.com Québec, Birmanie, Islande, Terre neuve, Norvege, Trois mats, Lisboa, Azores, Pays bas, péniche, canaux

La croisière blanche 4 : spécial copeaux

Michel RAVITSKY

Rencontre du 3° type : le voyage c’est aussi, et d’abord peut être, les rencontres, car nous ne sommes que ce que les autres nous renvoient et nous donnent. Hier après le CR c’est Airbnb… un peu différent, certes. Mais pas tant que cela, nous l’allons montrer tout à l’heure. Mon logeur est un gars sympa du nom de Svein. Le lendemain matin on discute. Il est prof de guitare et fan de fado…. Tiens ! intéressant. Je lui raconte mes virées lisboètes. Et je lui dis aussi que je vais visiter un chantier de construction de bateaux traditionnels norvégiens, tenu par un certain Gunnar Eldjarn.

 https://www.facebook.com/nordlandsbaat/

V’là t’y pas que mon gars se redresse et me dit : un peu que je connais ! mon père à fait construire un Colin Archer par ce chantier. Il faut expliquer, pour les moldus non voileux (on est toujours le moldu de quelqu’un) que Colin Archer est à l’architecture navale ce que Palladio ou Vitruve, ou encore Philibert Delorme sont à l’architecture tout court ! Donc on papote ; Il a un copain qui a fait un tour du monde et il l’a rejoint à différentes étapes. Je lui raconte en vitesse mon année sabbatique et on se dit qu’à mon retour à Tromso, (car il y aura retour à Tromso et même à Tromso sur le CR), on ira se faire une petite bière ensemble.

Terje et Gunnar

Gunnar…. Encore une rencontre pas tout à fait le fruit du hasard. En préparant ce voyage, car moi madame, je prépare mes voyages sauf quand j’arrive comme un cheveu sur la soupe dans quelque équipée birmane…. Donc en préparant, je me souviens d’un article du chasse-marée sur les Lofoten. Je fouille dans la bibliothèque de mon petit musée de la marine personnel, et pof ! je tombe sur ledit article. Il est question d’une virée en Avril sur un bateau réplique d’un voilier de pèche du XIX° siècle construit par le Gunnar en question ; Jolies photos, joli bateau, je note l’adresse et envoie un mail au cas où, en mode bouteille à la mer. Pas de réponse. Mais, teigneux, je garde le contact dans mon planning et le jour de notre arrivée, Solvi, une de mes voisines de couchettes, l’appelle et lui raconte que j’aimerai bien voir son antre. No problem dit Gunnar

Donc le 11 avril, je me pointe chez Gunnar. Grand sourire accueil sympa, et Oh surprise ! que dis-je ? Oh miracle ! lui et Terje son acolyte, sont sur la construction d’une réplique de Drakkar, commandité par un riche suédois, tout en chêne allemand (region de Francfort) qui est donc en cours de finition. Travail magnifique et l’atelier est comme un écrin pour ce fier vaisseau.

Petit l’écrin, il y a un mètre environ entre le mur et la poupe et itou entre l’autre mur et la proue. Mais un des murs est démontable pour l’accouchement qui sera donc une césarienne.

Gunnar m’explique qu’il est venu à Tromso à l’ouverture de l’université dans les années 70, car Tromso avec ses 75 000 habitants à une université. Petite parenthèse géographique : la Norvège a 5,2 millions d’habitants pour 385000 km². France 550000 km² pour 65 Millions de têtes de… pipes. Donc il y a de la place en Norvège. Je m’en rendrai compte en allant Kabelvaag aux Lofoten (600 km). Les petits bistrots sur le bord de la route ne pullulent pas …. Les villages non plus du reste. C’est plutôt ambiance québécoise, du reste l’architecture des maisons est similaire, les paysages itou, sauf qu’en Norvège, les sommets sont très pointus, ces montagnes doivent être très jeunes.

Revenons à Gunnar. Il étudie la philo et autres humanités mais se rend compte que ce n’est pas sa voie. Il aide un vieux monsieur de 80 ans à construire un bateau et engrange tous les savoir-faire du vieil homme. Il me dit « le nombre de fois où, encore maintenant, j’aimerais tant lui poser une question. J’en suis réduit à aller voir de vieux bateaux pour comprendre un assemblage, un tour de main. (Je repense au proverbe africain : un vieux qui meure, c’est une bibliothèque qui brule) Et pourtant Gunnar n’est plus un débutant, il n’y a qu’à voir les photos. Je lui demande s’il s’est inspiré de plans ou de relevés archéologiques sur des pièces retrouvées. (Je pense aux plans du Drakkar d’Oslo que j’ai à la maison). Réponse négative. On a juste le gabarit de la quille et pour le reste je fais à l’œil ! Quel œil ma doué !

« Même pour les couples (les sections transversales) lui demandé-je dubitatif ? »

« Aussi. A l’œil. » Juste écœurant.

Deux heures et 150 photos plus tard, je prends congé car la route des Lofoten m’appelle. Temps bouché mais des paysages superbes. Au détour d’un virage, on se retrouve nez à nez avec une montagne type Cervin (en moins haut certes, mais aussi abrupte) ou au-dessus d’un fjord magnifique. Des tunnels émaillent le parcours. Les norvégiens ne lésinent pas sur l’ouvrage d’art. A Tromso la ville est traversée par un réseau de tunnels. Super sauf que le GPS ne marche pas dans les tunnels et qu’on peut errer de carrefour en carrefour, la signalisation y étant peut mine, surtout pour un non novegienophone. Tout ça pour 5 millions d’habitants. Il faut dire que la manne du pétrole a mis du beurre dans les épinards et qu’en bon protestant, le gouvernement sait gérer et ne fait pas dans la dépense futile et bling bling. Depuis les années 70, les plateformes de forage émaillent la zone d’intérêt économique maritime et la Norvège produit du brut mais intelligemment (elle vient de refuser de forer dans l’arctique. Des fois que ça donne des idées à Donald, mais n’ayons aucun espoir sur le sujet.) J’arrive à 9h chez ma logeuse non sans avoir essuyé une ou deux averses de neige. La température flirte avec les 0°C : un coup -1°C un coup +2°C. mais j’arrive sans encombre pour m’installer dans une couchette de … caravane.

la caravane rose...

C’est beaucoup plus spacieux que mon Defender. Deco kitschissime, logeuse sympa, un peu zarb, (elle rigole tout le temps). Elle est tricoteuse à domicile et surtout se remet d’un cancer et d’un divorce consécutif (elle a dû marier un vrai gentleman, semble-t-il).

Ce matin réveil à 5h pour voir le soleil se lever sur le port. Jacqueline : je me tue à te dire que les premières heures du jour sont les plus belles, qu’il faut quitter la couette pour en profiter (ce qui n’empêche pas d’y retourner ensuite).

Ce matin, c’est particulièrement vrai. Le soleil se lève et éclaire le port durant une demi-heure. Puis les nuages d’évaporation montent (le sol est juste gelé et assez glissant) et tout est masqué. Cette après-midi je vais à Moskenes (pas à Meknès) pas loin du lieu où Jules Verne a mis en scène le Maelstrom de 20 000 Lieues sous les mers. Tourbillon qui existe pour de vrai. Julot a aussi imaginé que le voyage au centre de la terre commençait en Islande dans un volcan où j’irai peut-être faire un tour.

Je finis ces lignes, envoie mes photos sur FBK, m’accorde un retour sous la couette bien mérité, d’autant plus que le soleil est parti, et à nous deux capitaine Nemo !

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