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mievpolou.over-blog.com Québec, Birmanie, Islande, Terre neuve, Norvege, Trois mats, Lisboa, Azores, Pays bas, péniche, canaux

2023 JDB Balkans 2

Michel RAVITSKY

Nous avions laissé B612 après Mostar et en exploration de la Bosnie, en route vers Sarajevo : suite....

Jour 8

Depuis Blagaj, je fais un petit tour vers Procitej, vieille ville ottomane, aux petites maisons qui ont souffert de la guerre mais ont été reconstruites à l'identique sans que ça se voit trop. En hauteur, dominant la ville un château en ruine qui, lui, est restée dans son jus. Les touristes affluent, mais majoritairement pas des européens, plutôt moyen-orientaux

Très belle ballade. D'abord le lac de , vert émeraude dans un écrin de montagnes, presque hollywoodien tellement irréel. Puis en fin de journée, le village de Ulminj, rasé durant la guerre, dont seule subsiste la mosquée, dont on raconte qu'elle fut épargnée parce que, quelques années avant la guerre, le fils du commandant serbe fut sauvé par l'imam de cette mosquée. Dans le cimetière d’à coté beaucoup de sépultures avec des dates de décès de 1992 ou 93. Tristesse devant tant de barbarie. Ne pas croire. Nous avons nos serbes en France. Dix jours avant mon départ, des amis m'ont montré un tract distribué dans le pays basque, qui plus est dans un village où a existé, durant la guerre, un centre de rétention pour juifs. Ce tract menaçait de nettoyage ethnique les musulmans de France. Les nazillons auteurs de ce triste acte ont été arrêtés.

Et puis Lukomir. Là par contre, plus isolé c'est difficile. Un village loin de tout sur un très beau plateau battu par le vent. Cet isolement a valu au village de ne pas avoir été atteint par la guerre et d'avoir été épargné. Le tourisme commence à se développer. Les habitants tricotent des chaussettes et des moufles en laine épaisses qu'ils vendent aux touristes de passage comme moi. Je trouve un lieu bien situé sur un col, pour passer la nuit. Je ne suis plus très loin de Sarajevo. Manana por la manana....

Jour 9 Sarajevo donc. Inattendu. D'abord un paquet de minarets fait penser que l'empire ottoman a de beaux restes, et c'est le cas. Les mosquées sont rarement vides même et ce sont des gens venus pour le culte qui sont présents. Beaucoup de femmes voilées, une petite moitié, et quelques unes en Hijab. La Et puis on s’aperçoit que les restes de l'empire austro hongrois ne sont pas en … reste.

L'hôtel de ville de Sarajevo, construit par l'empire austro hongrois fin 19° en style néo mauresque. S'il est aussi pimpant aujourd'hui, c'est qu'il a été bombardé durant la guerre et reconstruit après. Voir les photos de sa destruction. Ça fait gerber... mais ce n'est rien à côté des photos des enfants estropiés par la guerre. Certaines sont difficilement soutenables. D'une manière générale, les cicatrices de la guerre sont plus effacées qu'à Mostar et du coup, on oublierait presque ce qui s'est passé

Fin d'après midi, je quitte Sarajevo. J'ai visité quelques musées, des mosquées, l'ancienne synagogue devenu un musée relatant la vie des juifs de Sarajevo depuis leur arrivée au XIV° siècle, leur afflux quand ils ont été chassés massivement d'Espagne, et jusqu'à l'holocauste.

J'ai humé l'air de la ville que je trouve plein de douceur de vivre et de tolérance. Le bazar est plein de vendeurs de zigouigouis probablement made in China. La Turquie est très présente. Des drapeaux turcs ça et là. Les loukoums ressemblent furieusement à ceux d’Istanbul. Erdogan chercherait il à se placer ?On commence par les loukoums et on se retrouve avec les frères musulmans... En ce moment la mode chez les dictateurs est à la nostalgie des empires passés : stalinien, ottoman, mongol etc...

L'afflux touristique est plus dilué qu'à Mostar et le mélange Touristes/Locaux plus équilibré. Toujours pas trouvé de la bonne cuisine locale. Beaucoup de plats préparés avec des sauces genre mayonnaise ou sauce orange-berk

En tous cas, ce mélange mauresque/prussien possède un charme certain. Jolie ville.

En partant de Sarajevo, un léger imprévu sur une piste. Arrêt forcé devant un pont cassé. Demi tour : Je suis obligé de faire un gros détour et finalement, je m’arrêterai avant la tombée de la nuit sur un belvédère avec une vue superbe. Je me gare sur le coté du chemin qui n'est même pas une piste. Bien m'en prend car vers 20h, alors que je m’apprêtais à mettre la salle à manger en position lit à baldaquin du roi fainéant, je perçois des phares. Ne voilà t-il pas qu'un agriculteur sur son tracteur rentre à la ferme. On échange quelques mots mais mon bosniaque étant limité à Dobro et Franske. Il me signale qu'il a un tracteur français presque neuf, et il en semble ravi. Ouf !

Jour 10 : Fini la Bosnie, bonjour le Monténégro. Passage sans encombre de la frontière. Puis s'en suit une succession de routes longeant les plus gros canyons que j'ai jamais vus. Du reste, le canyon de la rivière Tara est le deuxième au monde, après celui du Colorado, siouplait, tant en longueur, 82 km qu'en profondeur, jusqu'à 1300 mètres. Une enfilade de tunnels et de route à flanc de falaise. Je ne ferai jamais ça la nuit !!! Et puis on croit que c'est fini, mais non, suivent deux autres canyons tout aussi respectables : La Drina et la Piva. Peu de temps avant la fin de la journée, une route en balcon (sans rambardes) me permet de me garer dans un petit renfoncement pour se croiser. Je descends, et à quatre pattes j'essaye de voir la rivière en bas. Rien. Black is black. Brrrr ! Ma mère dirait « fais attention Michel, ne te penches pas trop »

Soirée dans un petit terrain de camping avec resto près de Zabjak, station de sports d'hiver où j’espère enfin goûter de la bonne cuisine typique.

Résultat demain, lecteur inquiet.

 

Jour 11, Samedi 9 Octobre

Je ne m’étendrai pas sur le repas d'hier soir, car je suis presque certain que la patronne, qui s’était vanté cuisiner elle même, avait sorti du congelo des espèces de croquettes pannées. Bref, passons vite.Soirée imprévue mais très sympathique malgré tout. J'avais profité d'une grande table pour étaler les cartes routières et me concocter un itinéraire qui me permettrait d’être à Ioanina à la descente d'avion de Miss Chantal. Difficile de concilier tout ce qu'il y a à voir, un itinéraire ne faisant pas trop de zigzags, et cette dealine du 12. Mais il en fut autrement de cette soirée qui aurait dû être placé sous le signe de l’itinéraire.

A peine suis-je attablé, et les cartes dépliées, un couple arrive. Or j'occupe une table pour 6 et les autres tables sont occupées par des clients du bistrot qui en sont à la bière, euh pas la première... Donc la patronne nous propose de s'attabler avec moi, et après tout pourquoi pas. Il s’avère que mes convives sont israéliens et ex attaché économique pour l'un et culturel pour la seconde, à l'ambassade d’Israël à Washington. Pas des petits calibres donc...

Va falloir jouer serré, me dis-je in petto, pour ne rien dévoiler de mes opinions pas franchement sionistes, sans nier mes origines juives, et en restant diplomate, au sens général du terme. Je réussirai à dire qu’Israël n'est pas dans la liste de mes « places to be » tout en mentionnant mes origines. Je ne sais pas s'ils auront compris ou deviné le fond de ma pensée. Ils furent beaucoup trop polis … ou diplomates pour me pousser dans mes retranchements.

C’était la veille au soir de l'offensive palestinienne.... Mais j'ai passé une excellente soirée avec des gens vraiment sympas et intéressants. Quant l’itinéraire, on verra demain.

Après avoir profité de l'aube plutôt frisquette (je suis quand même vers 1400 mètres) pour faire ce fichu itinéraire dans la salle de restaurant complètement vide, place à la Randonnée : Car à part des ballades en ville, parfois longues, du fait de mon genou convalescent, je me suis limité. Mais là, quand même, il y a une petite ballade qui grimpe avec un dénivelé raisonnable vers un sommet d'où l'on peut voir le canyon de la Tara, 1100 mètres plus bas. Je n'ai pas mon parachute, mais hier avec B612, j'ai testé les à-pics. Certains étaient tellement monstrueux que je ne voyais pas le fond. Ne pas se rater dans les virages, car aller simple garanti

La randonnée se passa bien, sauf que pour m’éviter la foule (beaucoup de touristes locaux en ce samedi, dont un avec un drone, j'adore...), je pris un autre sentier au retour et m'offris une rallonge de deux km, mais sans dommage pour le genou, qui quand même n'a pas encore repris ses qualités d'avant.

Puis j'entamais ma descente, avec B612 cette fois, vers des altitudes plus orthodoxes, et des nuits moins fraîches. Et ce fut un monastère, celui de Moraca. Et là on est dans le sublime : l’intérieur est tout peint depuis le 15° siècle. Quand j’écris « tout », je n’exagère pas. Les cm² laissés libres sont quasi égaux à zéro. La chapelle Sixtine orthodoxe, en somme... Mais je n'avais encore rien vu....

 

Dîner au bord de la route dans un restaurant réputé pour sa cuisine typique. On me sert un agneau cuit en cocotte, pas mauvais, mais pas non plus au point de faire date dans les annales. Quant à la salade de tomates, elle consistait en une tomate coupée en tranches sur une planche en bois, sans sauce ni herbes, en fait sans rien. Et roule ma poule...

 

Après le repas arrosé d'une petite (toute petite : format avion) bouteille d'un rouge qui titrait, bien que tout petit, ses 14 degrés, je décide, surtout car la nuit était tombée, de dormir pas loin du restaurant, dans un endroit plein d'herbes et en contrebas de la route. Pas la nuit la plus romantique de la saison, mais j'ai écrasé mes dix heures...

 

 

Jour 12, Dimanche 8 Octobre

J'ai à me taper 250 km de route de montagne avec lacets de chez Lacet, pour rejoindre Peje, au Kosovo. Pas rigolo, d'autant plus que les 100 premiers sont sur une route étroite où se croiser est parfois délicat. Ensuite je longe une grande rivière et donc la brume matinale m'accompagne sur 30 km

Le passage de la frontière du Kosovo me réserva une surprise que je n'avais pas anticipé. Bien que l'euro soit la monnaie nationale, le Kosovo n'est, comme le Monténégro, pas européen et donc les assurances européennes ne sont pas valables. Elles le sont pourtant au Monténégro. Bref on ne pose pas de question, on ne cherche même pas à comprendre et on paye 15 euros à l'agent d'assurance opportunément placé à coté du poste frontière.

D'abord Pec ou Peje. Ville assez foutrac. Pour être poli, je dirai en devenir, ou en reconstruction, ce qui n'est pas objectivement faux. Mais ça donne une ambiance un peu bor.... lique et pas du tout esthétique. En plus c'est dimanche et toutes les échoppes sont fermées. Pas trop de regrets car hormis les magasins de fringues made in China, et les marchands de chaussures, les Kosovar doivent beaucoup marcher..., et quelques bijoutiers, rien d’intéressant. Ah si à noter : un magasin de vêtements traditionnels et pas pour les touristes. Après avoir mené une chasse frénétique à la carte téléphonique Kosovo-compatible (car nous sommes dimanche), je décide d'aller voir ailleurs si j'y suis. La ville suivante est Gjakova. Mais avant, il y a le Monastère de Visoki Dekant. Et là : extase ! Des murs peints aussi beaux, et aussi bien conservés (ça a été peint entre 1238 et 1248), je n'en ai jamais vu. Pareil qu'à Moraca, mais en beaucoup plus impressionnant. A la fois au niveau de la qualité picturale ( un côté Sixtine) mais aussi de la conservation. Les auréoles des saints étaient rehaussées à la feuille d'or, on en voit encore bien les traces, et les pigments utilisés pour le bleu étaient à base de Lapis lazuli. On ne lésinait pas.... mais ainsi, pas d'ennui avec la garantie décennale. Quant aux échafaudages, je n'imagine même pas : excepté les fûts des colonnes, c'est peint du sol à la plus haute des coupoles... avec sur icelle, un christ Pancrator de derriere les fagots...

Je viens d'apprendre que depuis le moyen age, l’église orthodoxe serbe est « autocéphale » : un nouveau mot dans mon vocabulaire. Ce n'est pas qu'elle pense uniquement la bagnole, bande de mécréants ! Mais plus précisément, elle s'est affranchie depuis quelques siècles de la tutelle de Constantinople.

Le bazar de Gjakova est fermé et du coup, je me dis que demain Lundi, il sera ouvert et qu'une bonne douche ne me ferait pas de mal.

 

Le camping le plus proche est à 10 km et comme je ne me sens pas de dormir dans la pampa, car je suis dans une plaine pleine de zones industrielles qui alternent avec des zones commerciales, le tout pimenté par une circulation de ouf (A ce propos le kosovar conduit raide, utilise beaucoup son téléphone au volant, et ne doit pas acheter les clignotants pour sa voiture, probablement vendus en option) (ceci étant, les franzaouis, question clignotants, ne sont pas des parangons de vertu), je me décide pour cette option camping. Je suis reçu par le patron, qui parle un français très correct. Son fils est là avec sa petite fille de 6 ans maxi. Pour me faire plaisir, et j'apprendrai après que la petite fille adore, on nous passe « je ne regrette rien » de la môme Piaf. On me confie etre friands de films français, surtout avec Alain Delon. C'est noté. Je lui demande d'où vient son français. Du lycée (gymnasium), cher ami, me répond t-il. Eh oui ! du temps de Tito, il y avait français anglais voire allemand comme langues obligatoires, avec le Russe bien entendu.

Mais le patron a une double vie. Le week-end, il est directeur de camping, et la semaine, il est proviseur de lycée ! Son fils précise : « et c'est un directeur qui travaille ! » Allons bon ! Ça existerait donc, les directeurs qui ne travaillent pas ?

 

Jour13 Lundi 9

Départ pour le sud. Le matin je cherche à voir des choses au bazar de Gjakova . A 10 heures les boutiques ouvrent à peine. Et rien d’intéressant à part une jolie mosquée et deux échoppes, une de de menuisiers qui fait des berceaux et que des berceaux semble t-il ; et un cordonnier qui fait divers objets en cuir. Le reste, ce sont des vêtements, surtout des robes de soirée, carrément bling-bling, et impossible de dire si elles sont faites en chine ou ici car il y a quand même souvent des machines à coudre dans les magasins. La seule chose intéressante, ce sont quelques échoppes qui vendent des vêtements traditionnels, mais toujours affublés d'un drapeau albanais. Rien de notable sinon pour cette journée, sauf un point : le monastère de Granica. Je suis en zone serbophone. Drapeaux serbes un peu partout.

Décidément j'ai l'impression d’être assis sur une cocotte minute.

A l'entrée du monastère, une famille au complet. Des visages typiquement slaves. Beau monastère. Je dors dans la cambrousse, près d'une cascade mais la route a du être emportée par une crue, donc pas de tentative de franchissement, surtout que la nuit tombe

Jour 14 Mardi 10

Passage en Macédoine. Cette fois ci pas de surprises de type assurance. Pourtant la Macédoine ne fait pas partie de l'union européenne et a sa propre monnaie, le DEM

La ronde des monastères et églises orthodoxes continue. St Pantalemon (qui donnera son origine au mot Pantalon, ce n'est pas une blague) où je déniche un livre que j'aurais bien aimé avoir avant de partir : le guide des édifices religieux orthodoxes de Macédoine. En anglais certes, mais très complet et bien fait. A noter que pour une fois le petit futé est très complet et donne plein d'infos sur l'histoire des pays, des villes. Puis le monastère Markos, très chouette. Par contre le parking avant l'entrée est un véritable dépotoir, à croire que les chiens et les chats du coin ont vidé toutes les poubelles et éventré tous les sacs à ordures. Je ne suis pas trop bégueule, mais là, c'est un peu limite.

Puis pour respecter un œcuménisme qui m'est cher, je fais escale à Tetovo, ville connue pour sa mosquée peinte qui est vraiment originale et superbe, et pour être un centre soufi depuis des siècles. Beaucoup de femmes voilées. C'est la sortie des classes. Je suis derrière une maman qui a été chercher son fils de 7 ans, qui fait plein de c... Mais Maman ne dit rien, et mieux, porte le sac à dos/cartable du chérubin. La perpétuation du machisme, ça passe aussi par là.

Je termine ma journée au sein du parc national de Mavrovo devant un lac de barrage sympa, mais une fois de plus le sol est jonché de saletés. Entre les bouteilles en plastiques et le lingettes, dur de ne pas poser ses yeux sur un détritus...

Jour 15 Mercredi 11 Octobre

Ce matin, deux must : le monastère de St Jean de Bigorski. Il s’agit d'un monastère du XVIII° avec des fresques très belles mais qui se caractérise surtout par une iconostase complètement sculptée : il paraît qu'il y a plus de 1500 figures. Tout le nouveau testament y est. Même que les artisans se sont représentés eux mêmes en train de manier la gouges et le ciseau. Un moine qui semble parler allemand me montre tous ces détails. Chefs d’œuvre. Il semblerait que le bois soit du noyer. Dommage que les photos soient interdites. Le moine me convie dans un espèce de parloir ou de nombreux autres moins conversent avec des civils. Leurs familles ? Le café arrive avec le loukoum traditionnel mais sans le verre d'eau. Parce que le café à la turc (expression à ne jamais utiliser en Grèce), il y a à boire et à manger. Donc le verre d'eau pour chasser la mouture au fond de l'estomac n'est pas inutile.

Puis le monastère, je devrais dire le couvent, de Raytchitsa (à coté de Debar), car il est tenu par des nonnes. Un nonnastère autocéphale ? Un pas vers la libération de la nonne ? En tous cas, j'ignore si ce jour est un jour spécial dans la liturgie, mais j'arrive à la fin d'un office et l’église, de petite taille était pleine, si j’en juge par le nombre de fidèles sur l'exo narthex. Ce monastère est spécialisé dans la confection des mitres, les chapeaux que les hauts dignitaires orthodoxes mettent pour les offices.

Et puis descente sur Ohrid, dans le parc. Et la route est chouette. C'est un endroit où je reviendrai avec plaisir. Pas comme le Kosovo. Ohrid a été le siège de toute une épopée orthodoxe. C'est une ville musée. J'arrive à l'heure du repas, mais je choisis de foncer sur le camping, un peu loin de la ville car il est temps de faire une, voire deux machines à laver. C'est que demain Chantal arrive et que B612 ne doit plus sentir le poney...

Jour 16 Mercredi 12

Les machines faites, le linge (presque) sec, le reliquat humide bien étalé sur les matelas, je pars explorer Ohrid : une des plus grosses densité d'églises au m², des petites, des moyennes, peintes ou pas ou effacées. Mais surtout une galerie d’icônes... iconique. Je préfère les plus anciennes. Pour deux raisons. Le trait est moins codifié que par exemple au XVIII°. Et puis il y a la patine. Une icône du XI° (pas arrondissement, suivez un peu) on sent qu'elle a vécu, qu'elle est passée de main en main, a été touchée, embrassée, a échappé à des ethnocides etc...

Pour les orthodoxes, l’icône n'est pas une simple image : elle est dotée d'un pouvoir car elle a été peinte par un homme de grande foi, qui lui a communiqué des propriétés importantes (maintenant on dit des « énergies »). Donc il est fréquent de voir les fidèles se prosterner, se signer, voire embrasser le dessin du saint ou de la madone et de son gniard. (qui a tout sauf une tronche de bébé). La religion orthodoxe a longtemps été traversée par deux courants : les iconoclastes (pffft l’icône) et les iconodules (Bisous l’icône, I love icons), iconodule comme « crédule ». La hiérarchie a tranché : on sera iconodules. Et hop un nouveau mot. Ça ne fait que commencer. Des munitions pour les joueurs de Scrabble vont arriver prochainement. Et ce sont de très beaux mots. Patience...

 

A midi je pars de Macédoine, non sans avoir récolté un PV pour stationnement non payé. Cette fois ci j’étais dans un parking bien marqué P comme parking. Mais c’était aussi P comme payant. J'avais pourtant bien regardé (chat échaudé par le sabosniaque craint la Macédoine de sabots) : aucun signe indiquant la monétisation du stationnement, et bien sûr aucun parcmètre. Bonne conscience, donc. cette fois-ci, comme la précédente, du reste. Raté. Mais comme il ne me reste qu'une heure chez les macédoniens, leur PV, ils peuvent se le..... non, restons poli : je vais le garder en souvenir.

Mon waze me fait passer par l’Albanie, et ne me le dit pas. Donc croyant arriver au poste frontière macédono-grec, je me retrouve chez les albanais. Pas de problème d'assurance, mais les albanais demandent à fouiller la voiture. Et les coffres de toit. Je leur dis qu'il faut sortir l’échelle, mais que « no problem ». Finalement il regarde l’arrière de la voiture voient me petites culottes honnêtement alignées en mode finition de séchage, me disent qu'il faut que je mette un drapeau albanais dans ma collection de drapeaux sur la carrosserie et me laissent partir. Une heure économisée.....

Au bout d'une heure albanaise (je réserve pour le retour une exploration plus profonde de ce pays que je connais déjà un peu et dont je garde un bon souvenir), me voici cette fois en Grèce. Passage de frontière finger in the nose. Bonjour l'Europe, …. et bonjour les péages d'autoroutes. On ne peut pas tout avoir. Les péages grecs sont raisonnables, je paierai deux fois 1,40 euros pour faire 200 km. Mais surtout, je me remets à dérouiller mon maigre vocabulaire grec. Car les péages grecs sont dotés de guichetiers, oui ! Espèce éteinte en France, sacrifiée sur l'autel de la rentabilité capitaliste. Finis, kaput, les guichetiers ! Pas en Grèce. Je me fends donc d'un « Kali spera », verse mon obole à la dame, et me vois gratifié d'un « Kalo dromo »

Mon Google translate intégré fait tourner ses algorithmes rouillés, et ça donne :

Kalo ? Oui je connais kali callipyge = belle fesses comme la venus : donc beau bon

Dromo ? Facile : aérodrome, autodrome : donc dromos , c'est route ! Route

Bonne route ! Da Vinci code, c'est moi

Et l’algorithme se conclut par un Evkaristo, qui était stocké en bibliothèque

 

Et le Mimi il est tout content de son premier dialogue en grec avec un guichetier pas virtuel.

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