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mievpolou.over-blog.com Québec, Birmanie, Islande, Terre neuve, Norvege, Trois mats, Lisboa, Azores, Pays bas, péniche, canaux

Islande 5 belles rencontres et hymne au Defender

Michel RAVITSKY

Livraison spéciale rencontres :

Bande d’obsédés, vous allez être déçus : je ne fais toujours pas dans l’échangisme ou le libertinage : vous me connaissez maintenant. Mousse et pampre, jamais une plaisanterie graveleuse, une allusion cochonne ou un jeu de mot paillard. Nous l'allons démontrer ci dessous...

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Jeudi 13 juin, journée orageuse s’il en fut, arrivée à Hellas par un temps carrément lourd. On dépassait les 25 degrés. Incroyable pour l'Islande. Et je suis donc à nouveau dans la civilisation après une escapade dans la planète Mars. Camping avec douche, wifi, et terrain herbeux, ce qui me permet de faire un grand nettoyage de B612 et d'alimenter FBK en images.

Nettoyer. La poussière est l’ennemie N°1, elle se loge partout. Avec le temps hyper sec que nous avons, elle est monstrueuse et le nettoyage pourrait devenir une activité quotidienne et lingettivore. Sisyphe à côté de moi est un dilettante. Je m'attaque aussi à la réparation de mon chauffage qui marche mal, bruleur encrassé probablement. Sans succès. Douche, lavage de mon pantalon noir (heureusement qu’il est noir), et bon repas dans une salle à manger remplie de français. Je fuis les français à l'étranger pour deux raisons. Premièrement, je les vois toute l'année en France et ça me suffit largement. La deuxième raison, c'est que les Français sont parfois arrogants, outrancièrement critiques, râleurs incorrigibles, et prennent facilement les autres de haut, donc ça fait plein de bonnes raisons pour que je préfère rencontrer des autochtones. Le souci, c’est qu’il y a 300000 islandais et 2 millions de touristes par an, donc l’autochtone, s’il ne se cache pas franchement, est légèrement distant et on peut le comprendre !

Mais ce matin-là, l'histoire me montre que mes a priori antifranchouillards peuvent accepter des exceptions, pour ne pas dire qu’ils sont un peu excessifs.

Claire.

Une française violoncelliste, qui a décidé de partir toute seule en Islande et qui me raconte être tombée en amour devant une espèce de cithare islandaise, qui répond au doux nom de Langspill (au passage, ça ressemble furieusement au dulcimer folkeux), Langspill qu’elle compte bien acheter chez un luthier de Reykjavik et ramener en France. Ça doit rappeler quelque chose à mes compagnes de voyage en Birmanie…Moins volumineux qu'une harpe Birmane certes. Elle me montre des photos. Bel instrument, simple. Elle va à cet après-midi à Reykjavik pour essayer de trouver le luthier de ses rêves. On échange nos coordonnées : Elle m'informera de l'achat de son nouveau bébé car je verrai bien la cithare trôner tôt ou tard dans la chambre d'amis en compagnie de la guitare portugaise, de la fameuse harpe birmane, et de l’oud d'Istanbul. On discute un bon moment. En plus d'être violoncelliste, elle est aussi conteuse. Bref, une belle rencontre avec une française simple (ça existe), intéressante, et qui assume complètement ses rêves. Elle a même été en Islande une année en décembre. Elle me raconte les levers de soleil à 11 heures en hiver, avec des étincelles dans les yeux. Respect plus plus plus plus. Et comme je comprends cet attachement !

J'ai adoré cette rencontre qui me fait beaucoup penser aux rencontres de gens de mer. On sait que les escales sont courtes et qu’on n’a pas le temps de s'embarrasser de circonvolutions, de jeux de séduction Et autres fadaises. On va à l’essentiel : Partager ses expériences, se connaître, se raconter, se livrer même, et éventuellement jeter les bases d'une amitié plus durable et de futures retrouvailles. Paul Fort décrit très bien cette rapidité dans son joli poème « La Marine », que Georges Brassens a mis en musique.

On se reverra avec Claire : peut-être à Toulouse, peut-être dans ses Alpes, où elle habite, puisqu’elle travaille tous les jours en Suisse.

Bonne nouvelle. Une partie des routes vers le pays de mes rêves vient d'ouvrir ce matin samedi. Souvent Islande varie, bien fol qui s'y fie. Nous y courons sur-le-champ (de lave) avec Jean-Marc mon complice qui arrive dans (non : à coté de) mon lit à baldaquin (j’aurais dû naitre plus tôt et être roi fainéant) à 8h du matin, triomphant, la carte des nouvelles routes ouvertes sur son iPhone. A 10h nous avons revu complètement le planning et partons dans le centre, vers la zone de Laki.

Laki est un immense champ volcanique, une cicatrice de 25 km de long. Et quand je dis cicatrice, cela ressemble vraiment à une plaie de brûlé. L'éruption du Laki date de 1783 et a duré plus d'un an. Au total c'est un champ de 130 volcans qui est rentré en éruption à l’époque : quand Hadès vomi son quatre heures, ça laisse des traces. On estime l’émission de lave basaltique à 15 milliards de mètres cubes. (Veuillez écouter maintenant notre émission de lave basaltique). On pense aussi que ce sont 150 mégatonnes de gaz sulfureux qui furent émis (la pollution de plusieurs années de toutes les usines d’Europe). Les effets de cette éruption furent considérables en Islande 80 % du cheptel de moutons mourut. La famine qui suivit l'éruption a décimé 20 % de la population islandaise. Enfin l'impact sur le climat fût tel dans toute l'Europe que l’on eut 2 années de famine liées à des mauvaises récoltes. Les Islandais ne se privent pas d'affirmer que c'est l'éruption de leur volcan qui est la cause de la Révolution française. Si ça peut leur faire plaisir... Ils n'ont pas toutefois besoin de cela puisqu’en 800, ils avaient déjà un parlement, alors que pendant ce temps-là, notre empereur Charlemagne mettait les bons à gauche et les mauvais à droite. Les mauvais sont toujours à droite, ça n’a pas changé et puisqu’on vous dit que les français sont les meilleurs... ce qui ne changera jamais !

Dans ce Laki-là, je ne me sens plus petit Prince., la rose se fane, et le renard va vivre sa vie et chercher des endroits avec poules et sans chasseurs, (encore une quête impossible). Non, dans ce Laki-ci, je suis en plein seigneur des Anneaux. Devant moi se profile vraiment le Mordor (je l’ai photographié), lieu de villégiature de Sauron. J'ai à mon cou l'anneau et j'espère rejoindre bientôt, dans Les Mines de la Moria, les nains qui ont survécu. Golum rode, il veut reprendre son précieux. Jean Marc est mon Aragorn. Et Peut-être la belle Galadriel me viendra-t-elle en aide. Mais B612 reste quand même B612, et du reste vous n’êtes pas obligés de me croire…

La journée se terminera tard, plus de 300 bornes dans la poussière, on a les dents qui crissent. Mais en arrivant au camping, que de belles surprises. Des rencontres super sympas

Pourtant ça a très mal commencé : je m’adresse à des gens, en anglais, dans le réfectoire, comme d’habitude. On me répond avec un tel accent tel que je réplique : « ah vous êtes donc français »

« Non. On est bretons » ah ! mais je sais faire face à ce lourd moment de fossé interculturel

« Ce n’est pas possible ! et de quel coin ? » ça marche, car ayant la celtitude de parler, sinon à un congénère, du moins à un allié, le breton se radoucit.

« De Perros Guirec »

« Mais je connais très bien, et blablabla, et le granit rose, et l’ile Tomé, et Pleumeur Bodou, et la rivière de Lannion, et j’ai usé mes fonds de culotte sur vos hautfonds chère madame, etc etc… »

Mais si un des bretons est commis boucher et tient l’épicerie de l’ile Longue où je suis invité (et quand un breton invite, là, c’est du sérieux) l’autre exerce une activité que je ne connaissais pas : Plongeur pêcheur de coquilles Saint-Jacques.

« Vous voulez dire plongeur sous l’eau, avec des bouteilles ? » m’enquiers-je. Eh oui ! cette pêche est légale, se pratique jusqu’à 25 mètres dans une eau un peu frisquette. Car même s’il fait toujours beau et chaud en bretagne et s’il n’y pleut que sur les cons, l’eau n’est quand même pas tropicale…. pour être honnête…Le plus incroyable, la cerise sur le kouign-amann, c’est que nos pêcheurs n’ont pas le temps de faire les paliers de décompression !!! je m’étonne, car bien que n’ayant que mon niveau 1 et un bout de niveau 2, je sais quand même que ne pas respecter ses paliers, c’est le meilleur moyen de finir dans un caisson de décompression, voire au cimetière !

« Ben oui, dame, mais on n’a pas le temps ». Ça me rappelle quelqu’un qui me disait récemment « écoutes j’ai pas le temps-là, je suis sous l’eau, on verra plus tard » restes pas trop longtemps sous l’eau mon gars, tu finiras plus tôt sous terre sinon ! ton temps, tu en es maitre, TES priorités c’est TOI qui les définis.

Si le Breton est un marin hors pair, c’est connu, on dirait bien qu’il ne prépare pas au top ses aventures islandaises : nos amis pensaient qu’ils trouveraient une station à essence au camping du Landmanalaugar, et s’apprêtaient à partir là-bas avec à peine un demi réservoir. Je leur explique rapidement que chercher une pompe là-bas, c’est comme chercher un MacDo sur Mars. Heureusement le breton comprend vite, certes pas toujours du premier coup, donc nos amis vont faire le plein demain matin…

Les Polonais : une bande de huit polonais se fait trois semaines de vélo en Islande. Dans la bande je distingue vite deux filles : une grande polonaise, et une polonaise brillante, très agréables à regarder et encore plus à entendre, tant leur langue est belle (c’est celle d’une de mes grands-mères). De plus, elles lèvent la chope, hein, comme les mecs ! au début je suis très admiratif, mais ensuite je réalise qu’il y a un gros 4x4 d’assistance technique et de portage avec eux. Moins classe…

Et en plus je tombe, toujours au même endroit (good vibration, very telluric vous dis-je), sur un photographe animalier professionnel et d’autant plus islandais : la patronne lui a expliqué pourquoi je me baladais avec un écran de 24 pouces, lui a parlé de mon gros téléobjectif, le fameux 2,8 de 400mm qui est un tromblon qu’on ne planque pas dans la poche. Et donc il vient me voir alors que justement je rédige, sur mon écran géant, icelui blog pour toi, lecteur chéri-mon-amour ! je lui montre mes Fragonard et il capote devant les amoureux sternes en dégustation chez le Flo ou le Bibent local. Du coup on cause, et pas de technique, ce que j’apprécie car qu’il y a-t-il de plus rasoir que les échanges techniques, même s’ils sont parfois très enrichissants, et ceux que j’ai avec JM me nourrissent complétement ; je fais d’énormes progrès grâce à lui. Non, on cause nature, bons coins, et il me révèle un coin à fous de Bassan aux Faroes. Vous avez bien lu ! là, où je vais passer une semaine en détox (mot très tendance et donc gavant) de l’Islande YOUUUUUPI !!!!

Moi qui craignais qu’une semaine soit un temps trop long, cette crainte s’avère non fondée : deux jours à tirer le portrait des plus beaux oiseaux de l’atlantique nord : what else ? comme dirait mon jumeau George Clooney

La patronne du camping est une ancienne directrice financière, mère de 4 enfants, qui a craqué de surmenage et vient d’acheter ce camping qu’elle retape avec son compagnon (celui qui m’a raconté la crise de 2008, voir article précédent). Elle me narre sa vie, qui ma foi est celle de nombreux cadres sup qui ont décidé de jeter l’éponge et découvrent la vraie vie, le plaisir d’être son propre patron. Je lui explique ô combien la retraite a changé mon regard sur plein de choses, moi qui reste quand même un hyperactif et boulimique et l’assume, mais qui de plus en plus, oublie de regarder, et la montre et le calendrier. On est en phase : prendre le temps n’est pas ne rien faire, mais faire ce qu’on aime (y compris rien) à fond et sans compter (les bobos fashion diraient « en pleine conscience », et une tarte à la crème, une !) Puis on parle de B612 : elle s’étonne du faible kilométrage, admire la bête, s’extasie devant les aménagements – un magnifique trois pièces cuisine à géométrie variable dans 8 mètres cubes, merci ACC16-, l’état de la caisse et du châssis malgré son âge (il est bien clair que, ici, je ne parle pas de moi) en fine connaisseuse que sont les islandais. Je lui explique les joies-zet-les-peineux de cette voiture : l’essentiel est inoxydable, increvable et fiable mais l’habillage est complètement merdique (le contraire de certaines personnes) : les portières ne sont pas étanches à la poussière, pas trop à l’eau, et ferment mal, l’eau rentre par le joint de toit s’il pleut fort, ça fait du bruit, les vitres coulissantes coulissent toutes seules sur les pistes en tole ondulée (les landistes comprendront), il n’y a aps de compte tour, le chauffage met trois heures à vous réchauffer les pieds…. Mais ces voitures ont un charme fooouuu, sont de fidèles compagnes si on sait les bichonner, et sont très agréables à conduire malgré une similitude certaine avec le poste de conduite d’un vieux tracteur. Bref landiste un jour, landiste toujours, et fin de la déclaration d’amour à un tas de tôle (la similitude avec un voilier existe j’en suis certain, d’ailleurs le mien était en alu). Du reste, B612 est une excellente carte de visite : on s’arrête pour le photographier, on vient e voir pour me demander d’où je viens, et il y a même une chinoise en voyage de noce qui m’a demandé de la photographier avec son promis (les fous) devant B612 en robe de tulle ! le plus sympa fut dans un supermarché : a peine entré, un vendeur vient vers moi et me demande avec ce merveilleux accent islandais si je suis le propriétaire du Defender bleu qui est sur le parking ; je lui réponds que yes, et il me sort de son smartphone les photos de son 300 TDI, blanc, adapté à l’islandaise c’est-à-dire avec des pneus de tracteur qui lui donnent une allure de bonze en lévitation. Il est trop content de voir un français qui a le même engin que lui. Là-dessus une jeune islandaise, poussant un landau, se joint à nous. Ils parlent visiblement de moi et la jeune femme m’exhibe son… portable et des photos de son Defender. Elle m’invite au rassemblement annuel de Defender islandais, le week-end du 14 juillet. Mais je serais ce jour là à la cale sèche du pont des Demoiselles, pour préparer une autre aventure plus aqueuse…

Déception ce matin. Primo il fait gris et même un tantinet crachin. Secundo, alors qu’au camping, on m’avait dit que la route vers le lac magnifique qu’on envisageait d’aller voir était praticable, une Ranger croisée sur la route nous dit que non, c’est même pas vrai. L’Islande doit être née sous le signe de la balance : un jour c’est oui, un jour c’est non ! qu’à cela ne tienne, nous obliquons vers une autre route très jolie aussi, qui nous fait rejoindre le Landmanalaugar par son autre face, qui jusqu’à peu était interdite. Et donc ce soir à nouveau camping dans cet endroit où j’ai déjà passé 3 nuits, mais sans soleil cette fois ci. j’essuie même ma première vraie pluie depuis le 14 MAI. Demain moins de poussière !

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