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Islande 2021 Episode 4 : Les emmerdes volent toujours en escadrille. Mais où il est aussi question d'elfes et de trolls

Michel RAVITSKY

vendredi 2 juillet : Belle journée à un détail près. Ce matin un petit tour à Jokulsarion. Je découvre une cane d'Eider qui couve devant les touristes. Et elle se confond tellement avec les pierres que personne ne la remarque. Pourvou qué ça doure pour elle. Puis B612 monte sur une route qui domine un glacier, le Skalafellsjokull (jokull -on prononce « iokoutl » = glacier) Vue magnifique mais un peu gâchée par une escadrille de skidoo, immobiles, bien alignés. Et encore plus gâchée par l'arrivée de touristes venant se la jouer aventuriers sur ces machines. Toujours étonné par la différence entre un glacier vu de loin et vu de près. Loin = immaculé. Près = sale. En montant, je remarque que mon échappement fume plus que d’habitude. Très inquiétant.  Très embêtant si ça se confirme.

Puis Höfn et la pointe sud : le phare de Stokknes qui fut aussi le lieu d'un radar OTAN du temps de la guerre froide, quand les sous marins russes et américains régataient dans le coin. Quoi de plus ennuyeux à suivre qu'une régate de sous marins ? A coté, la péninsule de Vestrahorn et sa plage, sa montagne, et un campement viking dont il reste une ferme, qui a servi de décor à un film US sur les vikings, ce qui fait que je doute d’absolument tous les détails du lieu, même s'ils sont parfois jolis. Mais des fausses pierres en espèce de plâtre sur une structure en bois avec du tissu autour gâchent pas mal l'historicité de l'endroit. Par contre la plage de sable noir vaut son pesant d'images et je commence à dérouiller l'appareil. Je décide de camper sur place près d'un café : l'emplacement est quasi désert. Erreur ! A partir de 21h les touristes rappliquent et c'est même un peu serré. Venir en Islande pour vivre ça !

Le matin je me regarde dans la glace et décide que ça suffit, cette tête de balai brosse pas coiffé. Je sors la tondeuse/rasoir et hop.... le résultat fait un peu peur à voir. On dirait que j'ai la gale. En fait je dois pouvoir tourner Massacre à la tondeuse, dans le rôle de Jack Nicholson. Un petit chapeau de pluie pour cacher ça, le temps que ça repousse.... et hop ! ni vu ni connu.

Puis départ pour la Lonsöraefi par la F980 à 15 km de Stokkness après le tunnel. En début de piste un panneau, (nouveau dans ma collec de panneaux islandais) indique que cette piste est réservée aux 4x4 XL. Ambigu, ce panneau. C'est quoi un 4x4XL ? Suis je XL ? Moi oui, parfois même XXL mais B612 ?

Fort heureusement, je vois une voiture de police (denrée rare) et demande au Policeman des explications. Le gars m'avoue ne rien y connaître en voitures et me conseille d'un air avisé d'aller y voir, et de rebrousser chemin si ça me semble risqué. Merci Monsieur, sans vous je n'y aurais pas pensé. Policeman ou gagman ? Je m'avance. Tout est nominal durant quelques kms. Je longe une large et magnifique vallée glaciaire. Vous l'aurez deviné, lecteur avisé que vous êtes : au bout de la vallée, il y a... un glacier... et au fond d'icelle vallée, une rivière, glaciaire elle aussi, qui de loin m'a l'air fréquentable.

De loin....

Mais la piste m’amène devant un gué.... pas gai ! Tous les ingrédients sont présents pour me décourager et suivre la recommandation du pandore : Il est long (pas le pandore, le gué : suivez un peu !), dans les 50 mètres, et je ne vois pas de traces de piste de l'autre coté. Et je devine un autre gué juste après. En plus, à un endroit vers la fin où on ne voit plus les remous causés par les pierres proches de la surface. Donc j'en déduis que ça risque d’être profond. Mais de combien ? Je suis seul, donc si problème, pas de secours. Un passage de gué, on n'a pas le droit à deux essais ! Et en plus le courant est fort, ce qui rend la reconnaissance à pied (j'ai des cuissardes) un peu risquée si trou. En ce moment avec la vague de chaleur, les rivières, qui descendent des glaciers (si si!), sont gonflées (pas moi, enfin pas sur ce coup), il vaut mieux les passer le matin, et on est en fin de matinée. Donc je me dégonfle, les pneus l'étaient déjà pour mieux épouser le relief de la piste....

Retour sur la route principale.

En plus, les dieux de la mécanique ne sont pas avec moi. Depuis deux jours B612 fume beaucoup. Pourtant j'ai nettoyé ses volcans (Pour les lecteurs du « Petit Prince »). Ça m’inquiète. Injecteurs sales ? Pompe d'injection déréglée ? Turbo ? Que des trucs pas sympas ! Je décide après avoir échangé avec Torfi, de revenir sur Reykjavik pour qu'on vérifie tout ça. Retour un peu monotone, mais une escale à Jokulsarion me permet quelques jolies images. Ce coin est vraiment photogénique. Sauf que 20 minutes après mon arrivée, une nappe de brouillard envahit la place et la lumière change drastiquement Ça reste tout aussi beau, mais en plus austère. Islande : si vous n'aimez pas cette météo, attendez une heure. On dit aussi ça pour l’Écosse et l'Irlande et probablement pour les Faroes. Pas grave. Le brouillard, du reste, se dégage, mais le soleil est masqué, sauf pour un coucher de soleil en mode Kodachrome (je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître etc...). Je décide de dormir à Skogar, petite ville doté d'un musée avec des maisons anciennes, pour les dessiner. Une vingtaine de minutes avant d'arriver, au détour d'un virage, je me retrouve sans transition dans une purée de pois inimaginable il y a cinq minutes (bienvenue en Islande) et je termine à 40 à l'heure, pas fâché de m’arrêter devant le musée pour y passer la « nuit ». demain aquarelle ! Dans le brouillard ? Suspens insoutenable.... à suivre !

 

Dimanche 4 juillet : réveil sans brouillard. Je mets du temps à émerger, et vers 11 h après une courte revue du musée (que j'avais amplement photographié en 2019) je m'attaque à l'aquarelle. Pas trop rouillé, ça revient. Ça revient bien ? C'est autre chose....

Je l'avais déjà constaté mais ça se confirme : dessiner est un excellent moyen de faire des rencontres. D'abord un couple de français sympas qui sont venus voir le volcan et qui m'apostrophe en anglais (faut dire que j'ai fait l'emplette d'un bonnet islandais pour masquer le massacre à la tondeuse) après s’être dit en Français, croyant que je n'entravais que couic «  Tiens regardes celui là, s'il a l'air content ». On sympathise un peu. Brève rencontre. Ils habitent New York.

Et puis la réceptionniste du musée qui s’avère être française et amatrice d'aquarelle au point qu'elle en a acheté une très sympa, qu'elle me montre en photo. Je lui montre mon boulot (que personnellement, je mettrais dans la catégorie « peut mieux faire »). Ça semble lui plaire.... ou bien elle est polie ….

Puis retour sur Reykjavík où les parents de Torfi me donnent une liste de coins où aller dans le Nord et le centre, et me montrent un atlas au 100.000° d'une précision époustouflante, mais qui doit peser dans les 3 kilos avec la jaquette. Je rêve d'avoir cela à la maison. Pour rêver à de prochains voyages. La carte est le philtre magique qui met les hommes en mouvement. Et la carte avec des zones blanches ou des mentions ''Terra incognita'' est encore plus magique et efficace pour les bouger. Qui sait ? Peut être trouverais je cet atlas durant ces deux mois ?.... Et puis la conversation dévie sur.... les elfes, trolls et peuple caché (enfin, disons plutôt que c'est moi qui la fait dévier). Ma question est : est-ce que beaucoup de gens y croient ?

Réponse sans aucune hésitation : oui. Un exemple : on a fait faire un détour à une route pour éviter une demeure d'elfes. S'en suit un tas de justifications très rationnelles. L'hiver est long on avait qu'une chandelle dans la maison. Alors on voyait des choses... Un type qui passait son été à garder ses moutons finissait bien par voir les pierres bouger (surtout les soirs où il débouchait la bouteille de Brennivin). Ou encore : La maman sort un gâteau sur la fenêtre après cuisson, il disparaît : Forcement, les elfes avaient un creux (et les enfants jouaient dans la cour). Je réagis : « mais là, vous me donnez plein de justifications rationnelles à ces croyances, donc c'est que vous n'y croyez pas vraiment ? » Réponse : ce n'est pas parce qu'il y a parfois des explications qu'on ne peut pas y croire.

Le père de Torfi connaît plein de légendes. J'en relate deux que j’écoute en sentant un léger frisson sur mon bras.

La falaise de Latrajbarg (grand lieu de nidification de tous les oiseaux de mer habituels : macareux, fulmars, guillemots etc... où j'ai passé plusieurs jours en 2019) avait (a?) la réputation d'abriter plein de logements du peuple caché et autres créatures. Un jour, un prêtre décide d’exorciser la falaise et, muni de tout le matériel ad-hoc, se fait descendre à flanc de falaise le long d'une corde, probablement assis sur une chaise de calfat (gonflé le cureton quand même, c'est très haut). A un certain moment, une main munie d'un couteau sort d'un trou de la falaise, et coupe deux torons sur les trois que compte la corde. Et une voix lui dit « Maintenant tu arrêtes ça, sinon.... » Et le prêtre se fait remonter sans insister, convaincu même. Fin.

Je raconterai de vive voix sur la NZ un soir d'hiver, à la lueur des lampes à pétrole, l'histoire du combat d'un fantôme et d'un vivant....

La dernière et puis au lit :

Dans un fjord du Nord, une île possédait une malédiction : interdit a une famille d'y rester plus de 100 ans sinon il arrivera malheur à l’épouse du fermier de la famille qui s'y est installé et dépasserait la DLC. Une famille passe outre. La femme disparaît. Le mari va voir le prêtre.

-Tu veux revoir ta femme ?

-Oui

-Alors suis moi. Montes avec moi sur mon cheval mais tu ne devras pas ouvrir la bouche de tout le voyage, sauf si je te le demande.

Les deux sont sur le cheval. Et ce dernier se dirige vers la plage et... galope sur les vagues. Il vont dans un fjord voisin (c'est précis, ils me montrent les lieux sur la carte, ça fait une grosse balade) Arrivés au pied d'une falaise, il y a une porte dans la roche. Le prêtre frappe. La porte s'ouvre. Deux femmes sont là. Une des deux est l’épouse du fermier. Mais elle a commencé à se transformer en Troll. Le prêtre demande alors :

-Tu veux rentrer avec ta femme ?

-Non

(Tous les mêmes : ça économisera des remarques désobligeantes à mes lectrices)

Alors les deux hommes reviennent sur le cheval dans l’île en chevauchant sur les vagues pareillement.

Fin de l'histoire.

Moi je préfère Orphée et Eurydice : même si ça ne se termine pas mieux, c'est davantage fleur bleue !

Dormez bien !

Demain soir je bricole un Chili con carne Bourguignon en attendant !

 

Lundi 5 Juillet : Pas la plus belle journée de ma vie. Les emmerdes volent toujours en escadrille dixit Chirac, qui les avaient bien cherché toutefois. Ce matin on fait un essai de B612 avec Torfi. Difficile de trouver une cause unique à cette fumée noire. Entre les injecteurs et le turbo, le coût d'une vérification, que ce soit des injecteurs ou du turbo va s'avérer ruineux, et peut-être inutilement. Il faut pourtant absolument faire quelque chose. Car en plus de cette fumée, il y a une perte de puissance certaine, et une consommation en hausse. Et, cerise sur le gâteau, on vient de découvrir une petite fuite dans le circuit de refroidissement. 3 pépins en une semaine après 20.000 km le nez au vent et une maintenance consciencieuse. Et merde ! Si ces trucs étaient seulement arrivés en France, avant de partir... Mais non ! Cet hiver j'ai fait 2000 km en Andalousie et au Portugal sans avoir un seul signe avant coureur. Le cardan de la semaine dernière n'était que le hors d’œuvre, l'éclaireur de l'escadrille. Finalement après mûre réflexion, la voiture est chez un spécialiste Land Rover qu'on est allés voir avant de lui confier B612, et qui semble être à l'aise et bien connaitre ces deux pépins. Quelle chance j'ai dans ma déveine d'avoir Torfi, un ami chaleureux doublé d'un bon mécano, qui parle parfaitement anglais et moi qui me débrouille correctement. J'attends le diagnostic précis, ... et le devis, un peu cramponné à ma carte de crédit... Pour passer le temps, un peu de lecture et de la

Faire contre mauvaise fortune bon cœur. A Reykjavik, malgré une température quasi caniculaire.... à l'islandaise, le soleil ne se montre que maintenant, à 16 heures. La faute au volcan, dont les fumées ont la bonne idée de se rabattre sur la ville. Un avis de vigilance a été émis pour les personnes asthmatiques. Les routes intéressantes près du Vatnajokull demeurent fermées mais le reste ouvre petit à petit. Ronger son frein est l'expression qui convient.... Chut ! les freins semblent en bon état, ne leur donnons pas d'idées stupides...

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